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Bodenseesumgebung mit dem Fahrrad

Bien le bonjour cher zikets,

C’est une bien belle vieille histoire que j’ai envie de vous conter là.  Car à l’heure où j’écris ces lignes, bien confortablement assis dans mon fauteuil Montréalais, cela fait déjà presque un an que l’acide lactique occasionné par les nombreux coups de pédale de ce vélotrip s’est déjà  résorbé de mon organisme, dilué par des cascades de bières en tout genre.

Juin 2012. L’été approche. Mais à Aachen, on dirait que c’est l’hiver qui revient : il pleut et il fait froid. Les jours sont maussades, hier ressemble à demain et merde on ne va quand même pas continuer à se faire chier la bite ainsi ! Du coup on réunit la dream-team que vous connaissez sûrement déjà : Ondra en tchèque constamment assoiffé, Aurélien en pétomane assourdissant, et moi, un peu entre les deux : pétomane assoiffé.

Fort de notre précédente excursion en Andalousie (dont vous pouvez lire le résumé sur ce blog), nous décidâmes de remettre le couvert. Et à vélo ! Cela faisait longtemps qu’on le ruminait, mais ou aller ?

 Aachen c’est plat. Tout au plus colliné. Mais nous, ce qu’il nous faut, c’est de la MONTAGNE !

Aachen c’est gris, on veut du SOLEIL ! Direction le Sud !

L’Allemagne a eu la bonne idée de créer des tickets valable une journée sur tous les transports régionaux de tous les länder. En clair on peut sillonner tout le pays 24H durant en utilisant le réseau teuton équivalent à notre TER : le Querdurchlandticket. Et c’est encore moins cher le week-end (Schönewochenendeticket, traduction : ticket du beau week-end !).

Après une étude approfondie, nous tînmes enfin notre destination et notre parcours :

250kms, 4 pays, 6 jours de voyages (dont 2 de train !!)

 

Konstanz---Lindau.png

Jour 1 – Lundi 28 Mai

C’est très simple. Je reviens des Pays-Bas. Dans 5 minutes je descends à Aachen West. J’ai alors exactement 25minutes pour :

-Rentrer chez moi (~ 2kms)

-Choper mes affaires pour le voyage (heureusement préparé à l’avance)

-Changer de vélo

-Foncer à Aachen Hauptbahnhof (~5kms) pour rejoindre Ondra et monter dans le train qui nous conduira à Konstanz.

 

Clairement, c’est impossible. Mais vous le savez, impossible n’est pas français et  je déboule sur le quai alors que le contrôleur, sifflet aux lèvres, s’apprêtait à souffler sur la flamme de mon espoir. Je monte in extremis dans le train. Mais Ondra ? Ou est Ondra ? M’a-t-il attendu ? M’a-t-il vu ? Est-il monté ? Je ne sais pourquoi mais je suis persuadé que non. Je ressors du train, et supplie le contrôleur, sifflet aux lèvres, de ne pas m’insuffler de désespoir cette fois. Il me regarde d’un œil mauvais et s’apprête à m’engueuler, mais trop tard ! J’ai aperçu Ondra sur le quai et lui gueule de monter. Ouf ! C’est parti !

C’est parti youpi ! Oui mais youpi pour quoi ? Youpi pour 12h de train ! Oups pardon nous venons de louper la correspondance à Koblenz, ce sera donc 13h de train. J’en profite tout de même pour faire bronzette sur le quai ! C’est presque aussi bien que le camping en Ardèche !

 

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Après avoir retrouvé Aurélien à Karlsruhe, nous débarquons à Konstanz en pleine nuit et commençons à chercher endroit ou planter la tente. A l’avis général, l’endroit idéal se situe sur la belle pelouse d’un parc longeant le lac. C’est parfait puisque c’est clairement interdit.

 

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Jour 2 – Mardi 29 Mai

Départ à l’aube pour cette première journée. Après quelques emplettes en Allemagne à Lidl, nous donnons 3 coups de pédale pour nous retrouver en Suisse, où les prix sont nettement plus élevés. L’engourdissement de la journée de train de la veille et la fraîcheur du matin aidant, nous avançons d’un bon rythme le long du lac. C’est tout simplement magnifique !

Nous quittons les rives de la « méditerranée » germanique en début d’après-midi aux environs de Rorsach et pour saluer l’instant, je place le premier golden-perfect (défécation nécessitant ni papier toilette ni chasse d’eau) de ma vie dans un chiotte publique. Applaudissement de mes acolytes. Nous descendons ensuite plein sud à travers la vaste vallée du Rhin.

Le Lichtenstein , petite principauté richissime, se trouve à porté de pédalier et je ne sais pas pourquoi mais je bassine les deux autres pour faire un crochet par là-bas, histoire de rajouter un « pays » à notre tableau de chasse de la journée. Nous resterons 1 heure, le temps d’un goûter. Je suis tout personnellement très satisfait de la photo suivante !

 

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Mais hop hop hop, pas le temps de traîner ! Notre objectif, le massif des Arlberg, se trouve encore loin. Pour terminer cet « Eurotrip-express », nous pénétrons en Autriche, 4ème pays  de notre « country day » et mettons les bouchées doubles sur le plat.  Il faut beau et chaud. Nous arrivons en fin de journée, sous des couleurs magnifique, dans les champs de Bludenz on nous décidons promptement de planter la sardine.

 

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Le soleil nous a accompagné toute la journée, et comme des benêts nous n’avions même pas de crème solaire. D’ailleurs aurions-nous juste pensé à nous tartiner? Pas du tout ! La fraîcheur de l’air sur le vélo adoucit la sensation de brûlure et ce n’est qu’une fois posé que nous remarquons qu’Ondra est plus rouge qu’une tomate ! Les stigmates du cycliste professionnel !

 

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3ème jour – Mercredi 30 Mai - Montagne, nous voilà

Nous nous levons avec le soleil, et commençons notre pédalage d’approche vers LE passage technique ou plutôt physique de la journée : le Flexenspass, 1773m, col de 3ème catégorie.

Une bonne bouffe en bas, et après une heure d’efforts, hop on se retrouve en haut !

 

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Nous évoluons dans un décor de rêve. Le blanc pur des neiges s’efface et dévoile le  vert éclatant des herbes fraîches. Les fleurs chantent à nouveau leurs parfums et à chaque village traversé, une bière et un bon bout de fromage  nous attend dans l'épicerie du coin. La belle vie !

 

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Nous voulions de la montagne, nous l’avons eu ! Après avoir débouché la bouteille de la victoire au passage du col, un vin espagnol, la siesta nous cueille sous une farniente toute printanière et les doux rayons d’un soleil de miel viennent caresser nos muscles endoloris.

La descente qui s’ensuit est tout simplement jouissive même si mon vélo, trouvé peu avant le départ,  tremble de manière inquiétante. Les cimes noires toutes tachées de blanc nous narguent et nous observent, pupilles sombres dans un ciel irisé d’azur.

Tiens ! Un chemin qui part dans la montagne ! Parfait ! Allons-y sans réfléchir pour défier les pics narquois !

Nous laissons les vélos derrière un talus, nous embarquons tente et vivre et l’ascension commence, nous nous élevons lentement dans un paysage majestueux, naturel. Et pan ! On tombe sur des câbles d’aciers et les piliers métalliques d’une ligne de télésiège balafrant la montagne, cicatrice qui s’ouvre chaque année sur le passage de milliers de vacanciers... Dont nous faisons partis ? Ah oui bon ok je me tais.

Bon, la vue n’est pas si mal quand même, en tout cas suffisamment bonne pour voir l’énorme orage qui s’approche. Le ciel est noir et gronde, roule et crie, droit sur nous !! Panique. Avec Ondra, pas très rassuré, nous proposons un redescente express dans la vallée . Seul Aurélien, tout sourire, de la salade entre les dents, sembleindifférent à nos craintes. Il dit qu’il a déjà vu pire, que ça va juste tonner sévère (il appuit d’ailleurs ses dires d’un pet tonitruant), souffler comme en enfer et pleuvoir en tabernak. Rien à craindre donc, surtout qu’on est à 2000m d’altitude et que les piquets de notre tente son plantés directement dans la neige. Niveau sardine on a déjà vu mieux.

Bref, les ténèbres s’approchent et craignant que le ciel nous tombe sur la tête, nous déménageons de notre promontoire pour aller nous ficher entre deux bâtiments, clos bien évidemment, pour nous abriter du vent. La tempête tombe son voile sombre avant celui de la nuit. C’est la première fois que j’ai dormi les fesses aussi serrées.

 

4ème jour – Sainte la maison du Seigneur !

Je réchauffe mon cul courbaturé par le stress de cette nuit cataclysmique sous la calme chaleur d’un soleil matinal. Nous vivons avec le soleil et un cycle imperturbable et totalement naturel s’est mis en place.

Nous nous endormons toujours aux alentours de 22h, à peu prés tous en même temps. Ondra se réveille inévitablement en premier vers 8h20. Je le suis de près, ouvrant souvent les yeux à 8h30 et nous attendons à chaque fois Aurélien, qui ne sort généralement pas sa tête de la tente avant 8h45.

Nous redescendons ensuite chercher nos vélos pour entamer la nouvelle étape du jour. La suite est très bien résumée par cette photo :

 

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Après mon trip du Lichtenstein, c’est au tour d’Aurélien. Il veut absolument qu’on passe la nuit dans un refuge de montagne. Il zieute chaque carte topographique qui jalonne notre sinueux et agréable parcours. Finalement, nous nous arrêtons aux environs d’Egg. On laisse les vélos sous un auvent, chez quelqu’un, avec un joli petit mot indiquant qu’on viendra les rechercher le lendemain. Aurélien est tellement sûr de son coup qu’il refuse de prendre la tente et nous assure que ça va le faire, qu’on n’en a pas besoin et que de toute façon elle est trop lourde. Ce qui n’est pas faux pour le dernier point. Encore une fois, avec Ondra, on fait un peu la gueule mais le grand gourou a été sage pour la tempête, il le sera aussi cette fois espère-t-on.

On grimpe rapidement, le temps commençant à virer au gris. Nous marchons longtemps sur une sorte de route communale de montagne, clairsemé de jolis chalets. Arrivés au sommet d’un petit mamelon qui domine la vallée nous remarquons une mini-église. On s’approche, c’est ouvert ! Tout de bois, c’est le refuge le plus mignon qu’il m’ait été donné de voir. Très bien, si ce soir on ne trouve rien, le seigneur sera toujours la pour nous offrir l’hospitalité divine !

Nous grimpons comme des forcenés et nous arrivons rapidement à une auberge, dont le gérant nous informe que les refuges d’altitude ne sont pas encore ouverts au public. Bon tant pis, on croise les doigts pour la hutte sacrée et en attendant nous grimpons comme des bêtes au sommet, avant que la nuit tombe. Nos efforts sont récompensés et nous arrivons sur un balcon dominant le Bodensee ainsi que les contreforts des Alpes autrichiennes. Une vue à 360° degré s’offre à nous et nous embrassons alors du regard toute la chaîne des Arlberg. Le ciel est d’un calme nerveux, et de grands et beau nuages retiennent la pluie pour nous, le temps que nos yeux dévorent cette beauté immobile et millénaire.

 

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Après moultes contemplations, nous redescendons de notre béatitude et nous nous offrons un magnifique barbecue sur la terrasse du refuge que nous lorgnions, mais fermé à double tour. Quelques bouts de bois secs ont fait l’affaire, tout était déjà sur place ! Après le dernier bout de saucisse englouti, les grands nuages se fissurent et la pluie nous assaille. Heureusement le bon Dieu à laissé sa porte grande ouverte…

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5ème jour – Vendredi 1er Juin – Jambes de bois

Trop d’alcool donne au lendemain la gueule de bois. Et bien trop d’acide lactique a exactement le même effet sur les muscles. Nous avons fait les ânes depuis le début (surtout la veille) et ce matin nous sommes raides comme des manches à balai. Trois hommes hirsutes qui sortent d’une petite église en boitant, c’est louche… Nous ne nous attardons pas trop et redescendons enfiler nos fidèles montures. Dans cette région la confiance mutuelle est une règle de vie : nos bécanes sont en bonne place et une charmante madame tout sourire nous accueille.

Nous redescendons vers le lac, la route est en pente douce et même la pluie paraît agréable. Nous arrivons à l’entré d’un énorme tunnel, long de plus de 3kms. Un panneau très en évidence interdit l’accès au cycliste, conseillant plutôt d’emprunter la route qui part sur la droite, interdite celle-ci aux voitures ! C’est au tour d’Ondra d’avoir son trip. Alors que je regarde en arrière pour voir ou en est Aurélien, le Tchèque par comme un cochon, droit dans le tunnel, sans lumières, avec un énorme camion qui lui colle aux fesses. Je lui gueule de revenir, mais rien à faire, il disparait de ma vue, engloutis dans les organes ténébreux et mortels de l’ogre de béton. L’imbécile. Nous descendons tranquillement avec Aurélien par la route recommandé à droite et qui est absolument magnifique. Nous retrouvons Ondra un peu plus tard dans la matinée, à Bregenz. Il nous raconte son épopée, qu’il a eu une « pulsion », attiré par les entrailles de la bête. Il a failli mourir 3 fois, klaxonné par les poids lourds ne pouvant le doubler. Il a pris une photo à la sorti de son suicide manqué, tout fier de son exploit et je ne résiste pas à vous la monter :

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Nous repassons la frontière tout les 3 ensembles pour nous retrouver en début d’aprem à nouveau en Allemagne, mais à Lindau cette fois. Le centre-ville est très beau, posé sur le lac. En revanche toute la berge est occupée par des immenses villas privatives, des hôtels de luxes et autres endroits inaccessibles pour nous autres vagabonds. Toute ? Non ! Un petit parc public résiste encore et toujours à l’envahisseur plein de fric. Et comme c’est interdit, nous allons planter la tente et passer la nuit ici !

Une belle fin de journée conclue notre épopée. Dans la soirée, des pêcheurs s’installent à côté de nous avec une kiste (caisse) de bière. Nous « prostons » comme de coutume et commençons à papoter. Ils remontent des carpes énormes mais les relâches, sous prétexte que c’est dégueulasse à manger. Demain, 13h de train pour rentrer, et une pluie fine mais tenace qui ne finira pas de nous lâcher.  « Nächste halt, Aachen Hauptbahnhof, unser Zug endet dort. Ausstieg rechts."

 

 

 

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Le must, c'est le golden perfect.<br /> <br /> Sinon, ça avait l'air vraiment pas mal :)
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