Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les tribulations de cinq clampins en Laponie

Samedi 23 février : Helsinki, 16h. Stéphane récupère les quatre compères à l’aéroport. Comme ils ont bien dormi à l’aéroport de Riga la nuit précédente, ils sont frais et dispos pour les aventures qui les attendent. La première soirée sera en fait confort 6 étoiles (au moins) puisque nous sommes accueillis chez Satu (la maman de Miina) qui a passé la journée à cuisiner pour nous dresser une table digne d’une orgie romaine. Rien de tel pour se rincer la bouche des derniers restes de la bière au poisson et du burger au poisson servis à Riga.

 

DSCF0237

 

Dimanche 24 Février : C’est donc repus et frais comme des gardons (pour de vrai cette fois) que nous prenons la route, direction le parc national de Koli, à l’est de la Finlande. La météo n’est pas mauvaise, et nous arrivons juste à l’heure pour récupérer les clefs du petit refuge (Mäkrän Maja) que nous avons loué, et pour admirer une vue absolument somptueuse.

 

 DSCF0261.JPG

 

Mais tout ceci semble bien trop facile. Il faut bien qu’il nous arrive une couille, sinon que pourra-t-on écrire sur le blog ziket en rentrant ? La testicule en question sera signée Stéphane le BOGOSS ! Car après s’être trompés de parking, galéré pour trouver le chemin du refuge et marché 2 km dont 1 en montée dans la peuf jusqu’aux cuisses, dans la nuit déjà tombée, Stéphane décide de faire une petite blague : « j’ai paumé la clef ! ». Content de son trait d’humour pourri , il fourre machinalement sa main dans la poche de son pantalon, où quelques heures plus tôt gisaient la clef dont nous parlons. Mais, heu… ben merde je la trouve pas ! Eh les gars, c’est pas une blague en fait, j’ai vraiment perdu les clefs ! C’est donc le moral au fond des chaussettes mouillées que nous marchons les 300 derniers mètres, où nous posons nos sacs devant la cabane. Retour en arrière, scrutation de la neige avec nos frontales, puis marche lente sur la route suivis de près par Stéphane et sa voiture afin d’éclairer un max. Arrivée au premier parking (celui où on n’était pas censés s’arrêter). Pas de clef… Aux portes du désespoir, Stéphane s’exclame « je suis vraiment maud… OUAIIIIIS !!! LA CLEF !!!!! ». Elle attendait juste la petite phrase finale pour apparaitre devant ses chaussures, à demi recouverte de neige.

 

D’humeur plus gaie, après un chocolat et une goutte de Jägermeister, nous voilà reparti pour la montée de la mort. Il est 21h quand nous arrivons DANS le mäkrän maja… glacial. Stupeur, quand nous essayons d’allumer le poêle, la fumée envahit la pièce et nous oblige à sortir le temps d’aérer. Peu convaincus de notre capacité à nous en sortir avec cet instrument du diable, nous nous contentons de la petite plaque de cuisson à bois pour nous réchauffer… Ce qui prendra toute la nuit. Mais pas grave, nous avons des pulls et des sacs de couchages ! Alors à table ! Hmm, les bonnes pâtes qui nous attendent au fond du sac… Mais, heu, qui a pris les pâtes au fait ?

-          Moi j’ai la sauce

-          Moi j’ai le sel

-          Moi j’ai le pain

-          Moi j’ai la confiture

-          Moi j’ai pas les pâtes

… Bon, ben ce sera soirée jeûne ! Quand nous sommes bien résignés au fond de nos sacs de couchage en train de commencer un « action ou vérité » (véridique !), les yeux de Clément se posent sur le second miracle de la soirée… Sur une petite étagère près de la porte du refuge se trouve… Un paquet de pâtes ! Le Seigneur étant avec nous (ou la chance pour les non croyants), nous n’aurons donc pas tout perdu…

 

Lundi 25 février : Le lendemain est un autre jour… Mais nous déchantons vite lorsque nous nous rendons compte qu’en partant à 10h (impossible de rendre les clefs plus tôt et puis de toute manière nous n’étions pas prêts) il sera quasiment impossible de parcourir les 500km prévus jusqu’au prochain refuge avant la nuit… Lorsque nous apprenons par téléphone qu’il faudra parcourir 8km dans la neige et que le prix des skis de fond en location est de 60€/pers pour la soirée (qui compte pour deux jours, scandaleusement), nous laissons tomber. Le plan B est simple : free style. Sur la route bien verglacée traversant le désert de l’est finlandais à proximité de la Russie, Stéphane qui tient la carte propose de bifurquer à droite pour aller se balader dans ce qui semble être une zone sympa. Quelques km plus loin, nos 5 joyeux lurons auront la magnifique surprise de trouver, dans la forêt au bord d’un lac, une petite hutte, ouverte, avec un foyer près pour faire du feu au milieu. Nous pourrons donc manger chaud et dormir (presque) au chaud ce soir !

Voici la hutte n°2, un peu plus loin, contenant tout le bois dont nous aurons besoin. La hutte n°3 était un chiotte tout confort fourni (s'il vous plaît !) en PQ. Décidément, ces Finlandais savent recevoir...

 

DSCF0290.JPG

 

Mardi 26 février : Le lendemain sera sans histoire, les cinq aventuriers se trouvent à la nuit tombante dans un petit refuge au milieu des collines lapones. Grand confort, il fait presque chaud une fois le poêle et la cheminée mis en route, et nous pourrons même profiter du sauna, même si quelques erreurs stratégiques retarderont le chauffage et le sauna se transformera plus ou moins en hammam…

 

P1060061.JPG

 

Mercredi 27 février : Le road trip se poursuit : après avoir passé le cercle polaire à moitié à poil, nous débarquons à Inari (tout en haut de ce pays tout en haut du monde). La preuve en image : 

 

SAM_0416.JPG

 

Nous nous étions vite déshabitués du confort, mais nous nous réhabituons encore plus vite en arrivant dans ce grand et luxueux chalet. La première vraie douche depuis chez Satu était bien méritée. Comme chacun le sait, c'est aujourd'hui l'anniversaire de Monsieur Yoyo ! Irène et Thibaut préparent pour l'occasion une spécialité locale : le gâteau chocolat-banane à la poêle (très important : les bananes doivent avoir été récupérées dans une poubelle de supermarché et gelé plusieurs fois avant d'être utilisées). Apéro, poésie et jeux de société sont au rendez-vous de cette belle soirée lapone.

 

Jeudi 28 février : Le premier réveil sans réveil du voyage a lieu un peu tard et la journée est déjà bien entamée quand nous décidons d'aller faire du ski de fond. Une petite boucle de 18 km nous paraît propice : même pas 2h d'effort d'après nos pronostics éclairés, on y va donc tranquille. Il faut dire que le paysage est magnifique, nous voyons quelques rennes et une belle église en bois au milieu de nulle part.

 

DSCF0370.JPG

 

Tout va bien, sauf que la nuit tombe est que nous ne sommes qu'au milieu du parcours. La fin est une belle galère : il n'y a plus trop de traces, nous traversons un lac dont l'eau a l'air plus liquide que solide. De la glace s'est formée sur les fixations des skis de Clément, qui ne daignent se déclipser que grâce à la chaleur de son urine. Wild.

 

Vendredi 1er mars : Le retour commence, et le thème de la journée est le suivant : rouler le plus loin possible vers le sud. Nous nous relayons au volant, écoutant en boucle le mp3 de Stéphane dont les mêmes morceaux retentissaient déjà rue Sainte-Catherine. Thanks to DJ Yoyo, le groupe désormais culte Culcha Candela est aussi dans la playlist et nous reprenons en choeur les jolis refrains en allemand. La route défile, de moins en moins enneigée. Nous nous autorisons quand même une petite halte pour voir à quoi ressemble un hôtel de glace, et vers 2 heures du matin nous commençons vraiment à fatiguer. Nous sommes donc déjà : 

Samedi 2 mars : Nous tentons une pause dans un grand café/restau au bord de la route. Nous commandons un chocolat chaud pour faire diversion, car l'endroit à l'air propice pour dormir quelques heures au chaud. Les banquettes sont confortables, et discrètement nous commençons à nous affaler comme des gorets. Un gros Finlandais de la sécu n'arrête pas de faire des aller-retours devant nous, mais il ne dit rien. Au bout d'une heure malgré tout, la serveuse vient nous dire d'aller dormir ailleurs, car notre présence ne donne pas une très bonne image pour l'établissement. Soit, c'est reparti, jusqu'à la prochaine "grande" ville, Jyväskylä. Cette fois, il est vraiment temps de s'arrêter. Nous choisissons une place de parking quelconque et coupons enfin le moteur. Sauf qu'à 5 dans une voiture, dormir est un peu difficile. Irène et Stéphane abandonnent les premiers et partent explorer les environs. Clément, Philippe et Thibaut préfèrent rester au chaud, péter et dormir un peu. Les deux vaillants réveillent les autres au lever du soleil, et notre visite de la ville nous confirme que le plus intéressant en Finlande, c'est bien la nature... 

Légèrement requinqués, nous repartons en direction de Lahti, où nous attend une amie de la fermière chez qui Stéphane wwoof, et qui est plutôt sympa d'accueillir 5 voyageurs puants sur simple recommandation. Petit bonus, elle possède plein d'instruments de musique : accordéon, guitare, saxophone, ukulélé, bol tibétain et plein de petites percussions. Tout excités à la vue de ces instruments après une semaine d'abstinence musicale, nous nous lançons dans une (très) longue jam session. La meilleure description du résultat serait du manouche bouddhiste, bien qu'aucun de nous n'ait d'ascendance tzigane et que nous ne soyons encore guère engagés sur l'Octuple Noble Chemin. Quoique...

 

DSCF0424

 

Pour finir cette journée underground, rien de tel qu'une pièce de théâtre en finnois ! En effet, notre hôte s'occupe des lumières dans un petit théâtre de la ville et nous propose de nous y inviter. Au programme, une pièce chantée sur Che Guevara. Et même si nous ne comprenons rien aux paroles, par le miracle du théâtre les acteurs arrivent quand même à nous faire parvenir bien des émotions.

 

Dimanche 3 mars : C'est déjà le jour du départ, nous rejoignons l'aéroport d'Helsinki et faisons nos adieux au plus Finlandais d'entre nous, qui nous aura remarquablement guidé dans son nouveau pays. Une bien belle semaine passée dans cet air frais qui gèle les crottes de nez à l'intérieur, c'est ce qu'on appelle des vacances réussies. 

Bien sûr, puisque ce voyage était placé sous le signe des galériens, il fallait bien que le retour se complique un peu. Notre premier vol ne put atterrir à temps à Riga, et nous avons donc raté notre correspondance pour Paris de quelques minutes. Après une longue attente, on trouve une solution pour nous : Riga-Copenhague, puis Copenhague-Paris. Nous rejoignons le quai d'embarquement en courant, dans la précipitation la plus complète. Si complète qu'au dernier moment il s'avère qu'il n'y a en fait pas de place pour Clément... qui poursuivra donc ses vacances à Riga. Ce qu'il reste de la fine équipe arrive donc à Paris vers minuit, après quelques retards additionnels. Plus qu'à récupérer la voiture et rejoindre Lyon avant le lendemain matin...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :