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Samedi 6 Octobre

Ce fut une journée au rythme camerounais. Ma semaine fut bien chargée, et j’avais besoin de décompressé ce samedi là ! Il avait plu fortement durant la nuit, et les gouttes résonnaient incessamment sur les taules du toit. Au petit matin, il pleuvait encore. Je me réveillai sur les coups de 7h30 d’un étrange rêve : j’avais atterrie dans une chambre d’internat semblable à celles de première année à l’INSA, et j’avais l’étrange sensation que j’allais commence une école qui ne me convenait pas. Cet étrange rêve n’était pas inattendu, puis que depuis quelques jours, je me questionne énormément sur ma vie future. Je suis peut être trop entrepreneuse, je vois peut être déjà trop loin. En effet la rentrée de Septembre 2013 est déjà dans mes préoccupations alors que ça ne fait même pas un mois que je suis au Cameroun.

Que veux-tu faire Mathilde après ce Bachelor dans le commerce équitable ? Tu a d’abord pensé à un master en économie solidaire qui se serait déroulé à Lyon, près de tes amis et de ton chéri, mais est-ce vraiment ce que tu souhaites faire ? Olivier ne parle que d’Agriculture, des plantes qu’il fait pousser à la serre, de son projet de multiplication de bananiers plantains, du projet de son ami sur la production de champignons… et tu brûles d’envie d’essayer et de participer à ces activités une fois à l’université de Dschang. Alors quoi, l’agriculture est peut être ta voie… ou plutôt l’horticulture ! Oui la production de plantes, la multiplication, la production des semences, le développement des semences rustiques et adaptées à leur environnement… tout ça te tient à cœur ! Y a-t-il une opportunité de métier ? Recherche, production de semences (biologiques ?), productions de plantes horticoles et commercialisation… un emploi pourrait se trouver dans un institut de recherche, un producteur de semences, une serre horticole… mais tu pourrais aussi me mettre à mon compte !

Tout ce monologue trotta dans ma tête pendant plus d’une heure… je m’assoupi à nouveau… je me réveillai alors à 9h45 ! C’était plus qu’une grâce matinée ! La pluie s’était estompée, je sorti sur la terrasse et me mis à lire. La ferme Africaine raconte l’histoire d’un danoise venue vivre dans une ferme au Kenya. J’aime sa manière de décrire son environnement et son dépaysement africain. Je retrouve certaine de ces sensations dans ma découverte du Cameroun. Je lus, je lus et je lus. Olivier arriva avec deux petites omelettes spaghettis qu’il venait de confectionner avec ce qu’il nous rester à manger : 2 œufs, un oignon, un piment et le reste de pattes de l’avant-veille. Je dégustai, c’était bon. Les spaghettis avaient dorés avec l’huile, et les oignons étaient juste à peine fris. Je fis alors la vaisselle des gamelles et des assiettes au robinet devant la maison, allai prendre un « bain » avec mon saut d’eau froide, et me remis à lire. Les enfants nous firent grillés deux épis de maïs qu’une mama venaient de nous donner en revenant de son champ. Au milieu de l’après midi, nous sommes allés faire un petit tour dans Oku en passant par le carrefour où mamas et enfants vendent leur fruit et légumes. Nous remontâmes jusqu’à la maison en grignotant des arachides grillées à point ! Olivier m’apprit alors que l’association des arachides avec les bananes mûres apportaient la même valeur nutritionnelle que le lait de vache. Je me rendis alors compte que je n’avais pas consommé de produit laitiers depuis mon arrivée ! Je lui expliquai alors comme j’avais l’habitude de boire du lait cru de vache, il me parla du lait UHT qu’un de ces amis avait ramené de France et dont il n’avait pas apprécié le goût, il m’informa que dans le nord du pays, des peuples nomades élèvent des bœufs pour leur lait, le pasteurisent et le distribuent au marché en le vendant dans des grandes bassines. J’aimerais bien avoir l’occasion d’aller rendre visite à ces agriculteurs et goûter leur lait. Le goût doit surement être bien différent de celui que je connais des vaches Holstein super productives !

En rentrant de notre petite promenade, la lumière était revenue chez Gladice et nous en avons profité pour aller brancher nos machines et téléphones. Gladice nous avait préparé un plat de couscous maïs accompagné d’un bouillon de poisson et viande séchée. Dans la soirée, je me mis à la recherche d’une école qui pourrait m’intéresser pour la rentrée 2013. Je fus attirée par l’Agrocampus d’Anger-Rennes qui propose un diplôme d’ingénieur en horticulture, par alternance, avec une spécialité en science et production végétale.

La lumière coupa. Encore une fois. Mais à regarder au loin dehors, ce n’est pas une coupure générale, juste ici. Règlement de comptes ? Oui, il y a eu un petit incident récemment qui n’a pas plu au propriétaire de la ligne. En effet, ce voisin qui a une ligne électrique, vend une parti de l’électricité à différentes petites maisons qui se sont rattachées sur son compteur. Elles sont au nombre de 7 et Gladice en fait parti. Depuis un petit moment, elle se plaint de sa facture d’électricité qui lui semble bien chère pour l’unique ampoule de la maison et le petit poste de télévision. L’autre jour que le disjoncteur avait encore sauté, car il semble que trop de maisons sont branchées sur cette même ligne ; Monique, la fille de Gladice, est allée voir le compteur et elle est tombée sur la facture mensuelle. D’habitude, aucun des 7 foyers ne voit jamais cette facture que le propriétaire de ligne s’empresse d’aller payer avant de réclamer son argent. Il s’est avéré que cette facture ne s’élevait pas à plus de 10 000 francs bien que chacun des foyers avait l’habitude de payer entre 2 000 et 5 000 francs. Le calcul n’est pas difficile à faire pour se rendre compte que le propriétaire mène un business pas très honnête. Mécontent que son secret ait été découvert, le propriétaire a décidé de ne plus « partager » sa ligne, et à couper l’électricité aux 7 maisons.

Plus d’ordinateur, plus de télévision, je continuai alors à lire mon livre, à la lumière de notre lampe chargée la journée grâce à un mini panneau solaire. Bien que la soirée n’était pas trop avancée, je sentis la fatigue qui me gagnait peu à peu. A 21h, je sortis de chez Gladice pour aller me glisser sous ma couverture. Je découvris alors un ciel étoilé qui me subjugua. J’observais, j’étais émerveillée, mais je ne reconnaissais aucune d’entre elles ! Je me rappelai alors cette soirée du 15 août, où après une traversée pédestre de la Corse sur le mare à mare centre, ils arrivèrent enfin sur la côte Est et ; couchés sur le sable fin, emmitouflés dans un duvet, David et Mathilde apprenaient à lire cet univers étoilé.

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