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Chez Mama Rachel

 

Il faisait nuit quand nous arrivâmes à Bafoussam. Sortis du bus, deux frères à Olivier arrivèrent et portèrent ma valise et mon sac à dos avant même que j’ai pu me présenter.

-Non, non, c’est bon, avance, on fera les présentations à la maison !

Arrivée à la maison, la plus grande partie de la famille était là et semblait m’attendre. Je me présentai et serrai la main à chacun d’entre eux en commençant pas la Mama Rachel. Quand Olivier me dit que c’était la mama je la trouvai bien jeune ! Je serrai la main à tout plein de frères et sœurs… je réalisai plus tard qu’il y avait 4 frères et 4 sœurs ici présents. En réalité, chez Olivier, c’est une grande famille de 11 enfants !

Mama Rachel me proposa alors d’aller me laver avant de manger quelque chose. Je ne pouvais refuser tellement le voyage avait été éprouvant. Je découvris alors la salle de bain. Une porte en bois au bout de la galerie, un saut d’eau posé sur un montant en pierre et une savonnette. Mon premier bain fut bref mais j’y prendrais goût dès le lendemain. La pièce était éclairée par une ampoule fébrile qui tintait la pièce d’un jaune chaleureux donnant tout son charme à cette petite salle de bain des plus rustiques. Derrière moi, je découvris l’endroit où je pouvais enfin me soulager : un trou dans la dalle en pierre avec le couvercle en bois sur le côté pour le refermer après usage ; et une corbeille pleine de bouts de papiers, pages de vieux magazines ou anciennes copies de cours… Je compris alors d’où venait cette odeur qui me rappelait vaguement une odeur que j’avais humé dans quelques étables… ce fut mon premier pipi sur le continent Africain !

Le lendemain je découvris un peu la vie familiale d’ici. Chaque matin, un enfant passait le balai et la serpillère dans le salon. Le balai est en réalité un petit paquet de fine tiges séchées (nervures des feuilles de palmier raphia) et le sol est ensuite lavé avec une guenille détrempée d’eau, le corps cassé en deux. Dans le salon se trouvent une table avec quelques chaises, canapé et fauteuils et un poste de télévision. Il y a 4 chambres dans la maison. Je dormis avec  Vanel la jeune benjamine et Béatrice. La chambre était toute petite avec uniquement deux lits, et sombre puisque sans fenêtre. De manière générale la maison est sombre, mais la galerie est un lieu de vie. On y fait la lessive, à la main dans un saut d’eau ; on y fait la vaisselle, à la main, à même le sol ; on y prépare les légumes… J’aime beaucoup cette galerie et je trouve qu’elle a de jolies couleurs : avec son sol rouge et ces murs turquoises. Pour cuisiner, on descend les escaliers et dans la cour se trouve la cuisine : une petite cabane en pierres où crépite le feu de bois sur lequel sont déposées les marmites en fonte. Je commençai à découvrir les spécialités culinaires : bâton de manioc, couscous maïs avec la sauce jaune… et aussi un autre rythme de vie. Fini le copieux petit déjeuner pour bien commencer la journée ! Et oui, les habitudes se perdent assez facilement d’un continent à l’autre ! Et je ne me porte pas plus mal ! Ici, en se levant, on fait le ménage, on se lave, et puis plus tard on peut avoir le droit à deux petits baignés de farine de blé fris dans l’huile. Pour mon premier petit déjeuner, j’eu tout de même le privilège d’une tasse de « lait » : une poudre dissoute dans de l’eau, le tout accompagné d’une cuillère de miel blanc! Mes habitudes alimentaires en prirent un sacré coup : je laissai mes envies de lait cru crémeux derrière moi !

Un autre changement radical fut le fait que je sois obligée de sortir accompagnée et le poches vides. En effet, quand je sortais c’était tout un commando ! Tout le temps une à deux personnes minimum pour m’accompagner et porter mon sac et mon portefeuilles. Etait-ce vraiment nécessaire ? Etait-ce juste par mesure préventive ? Je ne pouvais le savoir à ce moment même.

Je rêvais d’avoir enfin accès à internet et de communiquer avec David, ma famille et mes amis. Mais le destin en décida autrement ! En effet, nous nous rendîmes à la boutique MTN pour acheter la clé internet : rupture de stock ! Nous allâmes alors au bureau de Camtel. La clé était disponible, mais l’arnaque se faisait ressentir : 40 000 fracs pour la clé à la quelle il fallait encore ajouter une puce. Nous arrivâmes alors au magasin orange. L’intérieur contrastait avec le monde extérieur. Les employés portaient tout le même T-shirt au logo orange, il y avait des bureaux et des ordinateurs, un écran plasma se trouvait derrière la réception ; le cadre semblait très professionnel et me semblait en décalage avec la vie d’ici.  Première fois que je ressentis vraiment l’influence occidentale sur ce continent. J’achetai la clé 10 000 francs (15€) avec un accès internet pour un mois mais impossible d’installer la clé sur mon ordinateur, ma version xp ne l’acceptait pas. Nous prîmes quand même la clé et par chance, la machine d’Olivier l’acceptait et je pus écrire quelques mails pour donner signe de vie à mes proches. J’appris pas la même occasion à être patiente lorsque j’utilisais le web et je réalisai que la facilité d’accès à internet n’était pas universelle !   

Avant de repartir direction Oku, j’allai faire le marché avec Diane et Béatrice. Il fallait me trouver une paire de petites chaussures en plastique afin que je ne porte plus mes sandales et que la peau de mes pieds se répare un peu selon les conseils de la famille. Je confiai mon argent à Diane. Une fois au marché, nous trouvâmes un petit stand avec tout un arsenal de chaussures en vrac. J’en trouvai une paire à ma taille, qui ne semblait pas neuves et que je préférais. Les filles commencèrent alors à marchander pour moi. En effet, en se promenant avec une blanche, tous les prix deviennent plus élevés. Elles s’en tirèrent pour 1 500 francs ! Nous continuâmes le tour du marché. Même s’il ne le parait pas, le marché est organisé ! Les petits quartiers se succèdent selon la marchandise vendue : les savons, les vêtements, les chaussures, les légumes… sur le chemin du retour, nous coupâmes par le quartier des boucheries. L’odeur me dérangea en premier lieu puis la vue de tous ces morceaux de viande ne m’arrangea pas. Têtes et pieds de bœufs étaient à même le sol, des flaques sombres se répandaient sur notre chemin et l’atmosphère lourde me mis un peu mal à l’aise. Je marchai d’un pas plutôt déterminé en espérant arriver le plus vite possible au quartier suivant. Ouf ! Celui-ci était plus agréable ! Les couturières y étaient regroupées, les étoffes étaient accrochées devant leur porte et chacune d’ entre elle travaillait derrière sa machine à coudre. Ces vêtements traditionnels m’attiraient beaucoup et je me demandais bien ce qu’ils pourraient donner sur une blanche ! 

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S
Merci Mata pour ces jolis articles pleins de nouvelles exotiques!<br /> :)
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D
Merci Mata pour cette belle série d'articles, ça donne envie d'aller bronzer chez toi. Quoique la neige d'ici est agréable aussi...<br /> Vivement les prochain articles en tous cas, enjoy !!!
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