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De l'Homme qui nageait dans la bière, ou comment se plaire dans un environnement Germain

 

Mes chers zamies et zamis,

 

Depuis un peu plus de deux semaines désormais, me voilà installé dans ma nouvelle ville : Dresde (ou Dresden dans la langue locale), capitale de la Saxe (Sachsen). J’ai tout de suite été bien accueilli par mes colocs venus de toute l’Allemagne pour étudier dans cette ville qui n’a pas été gâtée par l’histoire.

 

Petits rappels historiques: La nuit du 13 au 14 février 1945, alors que l'armée allemande est déjà bien dans la merde, 773 bombardiers de la Royal Air Force (GB) sont mobilisés afin de détruire complètement la ville de Dresde, alors remplie de réfugiés et de blessés de guerre mais dépourvue d’armement, afin de saper définitivement le moral des troupes allemandes et de supprimer un nœud stratégique de la logistique allemande (transit ferroviaire). Le lendemain 311 bombardiers de l'US Air Force viennent terminer le « travail ».  Au total plus de 2000 tonnes de bombes incendiaires ou à fragmentation sont déversées sur la ville, entièrement détruite par les impacts et les flammes, et environ 30 000 personnes  sont mortes (et je ne sais combien de blessés). Cet événement aura bien sûr pour fâcheuses conséquences de galvaniser ce qu'il reste des troupes allemandes. En bref, un joli crime contre l’humanité, inutile (existe-t-il des crimes vraiment utiles?) qui ne sera jamais jugé et dont les organisateurs ont été copieusement félicités.

 

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La ville a ensuite connu 40 ans de communisme, appartenant au bloc de l’est. Certains monuments seront reconstruits mais les fonds ne sont pas assez importants et les communistes ne reconstruisent aucun édifice religieux. La reconstruction du vieux centre-ville sera poursuivie en accéléré (à l’identique) après la réunification, supprimant au passage quelques moches constructions de l’époque communiste. Aujourd’hui encore, on voit encore quelques grues activées à redonner à la ville son éclat d’antan, mais globalement le centre est à nouveau fringant, bien qu’un peu trop neuf !

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Bon, c’en est fini pour le cours d’histoire. J’ai donc passé la première semaine à visiter la ville et ses environs avec mes parents et Marie Czarnikow (violoniste de l’OSIU) qui nous a gentiment fait visiter le centre de sa ville natale dimanche dernier (elle sera de retour à Lyon dès le WE prochain). J’ai également  découvert au cours de la première semaine, ainsi que cet après-midi, quelques-uns des sympathiques châteaux des rois de Saxe qui bordent la ville.

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Mes cours de langue cours ont commencé la semaine dernière, nous sommes une grosse centaine venus d'une vingtaine de pays différents et sommes répartis dans des groupes de niveau d'une quinzaine d'individus. Nous avons trois heures de cours le matin suivies d'activités variées l'après-midi, le soir et le week-end (visites, sorties, sport, ...). Les cours sont bien et l'ambiance Erasmus est vraiment énorme!

 

Au cours de nos soirées Erasmus, nous avons eu l'occasion de visiter le quartier de "Neustadt" (ville neuve) qui se situe par rapport au centre ville de l'autre côté de l'Elbe, fleuve qui traverse tranquillement Dresde. Ce quartier, assez central, est particulièrement intéressant, car il n'a pas été trop bombardé, et par conséquent n'a pas été reconstruit par le gouvernement communiste, préférant construire des immeubles ideux dans les banlieues (qui cependant n'étaient pas inconfortables). Rapidement insalubres car il n'y avait pas assez d'argent pour l'entretenir, les logement de Neustadt ont été désertés par les locataires, remplacés par des squatteurs en tous genres. C'est donc un quartier entier qui a été squatté pendant 40 ans (!), favorisant inévitablement l'émergence d'une vie nocturne et artistique riche et variée. En 1990, lors de la réunification, des habitants du quartier ont créé la BRN (Bunte Republik Neustadt = "République multicolore de Neustadt") qui se voulait être une parodie de la BRD (Bundes Repuplik Deutschland = "République fédérale d'Allemagne), qui eu un succès assez important et a même créé une monnaie qui, je crois, a été utilisée. En 1993 la BRN a disparu mais aujourd'hui encore fin juin on célèbre sa fête nationale (comprenez grosse race pour toute la ville). A la suite de la réunification, l'argent était un peu moins rare et le quartier a été réhabilité par les habitants eux-même, qui ont créé notamment des façades magnifiques au centre du quartier. Malheureusement, ceci a eu pour conséquence de faire monter en flèche les valeurs des logements, qui ont alors été récupérés par leurs propriétaires, mettant dehors les habitants qui avaient sauvé ces vieux immeubles de la ruine. Aujourd'hui, le quartier est encore le lieu privilégié de vie et de sortie des étudiants, et il est encore très marqué par la vie nocturne et artistique, mais les loyers font désormais partie des plus chers de la ville, ce qui a la conséquence de "bobo-iser" le quartier qui accueille de plus en plus de jeunes familles.

Quand je parle de vie nocturne, je ne peux que vous affirmer que ceci n'a rien a voir avec ce que j'ai connu jusqu'à présent en France, puisqu'ici les tramway et certains bus roulent toute la nuit et les bars ne ferment pas avant... je ne sais pas, pas encore réussi à me partir après la fermeture (donc, au moins 2h30) !

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BRN.Mark


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Je peux également profiter, lors des beaux jours encore assez nombreux, de l’immense parc qui est juste à côté de chez moi (à côté, la Tête d'Or = square pour enfants). Pour l’instant je me déplace uniquement en vélo, que j’ai pu amener grâce à l’éternel van de Papa-Maman qui décidément m’aura sponsorisé depuis mon arrivée à l’INSA ! Mais l’hiver venu, je pourrai profiter des 130 km de voies de tramway et des nombreux bus qui roulent dans la ville, grâce à un pass vendu (pas cher, mais de manière obligatoire) à tous les étudiants de la Saxe. De plus, ce pass me permettra de voyager gratuitement sur toutes les lignes de bus et de train en Saxe, ce qui est super cool ! Une petite curiosité du tramway local : le « cargo-tram », sorte de tramway de marchandise qui dessert l’usine Volkswagen située en plein centre de la ville ( !) et dont l’architecture vitrée permet d’observer depuis l’extérieur l’assemblage des grosses berlines VW. Surprenant, surtout quand elle fonctionne de nuit !


CarGoTram

 

Mes colocs, 4 mecs et une fille dont l’âge oscille autour de 25 ans (sauf un qui est plus jeune que moi)  vivent en s’efforçant de respecter leur environnement et leur idéologie. Ils refusent donc d’adhérer au système de la grande consommation. La première solution qu’ils ont choisie est assez simple : manger moins de viande et faire les courses dans une coopérative bio/commerce équitable qui ne pratique aucune marge sur les produits vendus (dont la variété n’a rien à envier aux supermarchés) et dont les frais de fonctionnement sont assumés par une adhésion payée chaque mois par tous les membres. Ceci est très beau me direz-vous, mais ça coûte cher ! Aussi mes chers collocs ont-ils trouvé une deuxième solution, en complément de la première : les poubelles des supermarchés. Elles regorgent de trésors : produits alimentaires à peine ou bientôt périmés, légumes tombés de l’étalage, mais également des produits alimentaires dont la date de péremption est encore loin, mais qui ne font simplement plus partie des produits disponibles en magasin, sur décision marketing ! Le premier samedi, à 2h, J’ai pu expérimenter ce magnifique moyen de réapprovisionnement gratuit et combattant efficace du gaspillage massif. Pourquoi à 2h du mat ? Parce que dans la société où nous vivons, ils ne fait pas bon être vu en train de fouiller les poubelles, en particulier lorsque pour les atteindre on est obligé de se contorsionner entre les grilles et qu’il est écrit dessus quelque chose comme « impropre à la consommation humaine ». Pour ceux qui en ont l’occasion et l’envie, je vous conseille d’essayer, où que vous soyez dans le monde : c’est grisant de contourner ainsi un système alimentaire contestable ! Une Allemande que j’ai rencontrée m’a assuré l’avoir déjà fait avec succès à Lyon dans un magasin de légumes. Elle y a d’ailleurs croisé de nombreux français.

 

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Nous passons également beaucoup de temps à discuter et à faire des jeux de société, ainsi (et ce fut une très bonne surprise) qu’à cuisiner ensemble pour se faire de bons repas.

 

A part ça je ne me lasse pas de goûter les bières allemandes, dont la variété parait infinie… Je vais peut-être me remettre au sport afin de ne pas revenir avec l’aspect « Bibine-bendum ». Ce soir, pour la première fois, nous avons fait du sport avec les autres élèves de l'école de langue. Je me sens tout cassé après 3h de foot en salle. Mais c'était sympa, j'ai joué avec un Brésilien et 3 Argentins donc ça se passait plutôt bien! 

Malheureusement, mes bonnes résolutions ne suffiront peut-être bientôt plus, car si tout se passe bien  je vais avoir d'octobre à février un nouveau colloc qui viendra remplacer un départ. Il a 38 ans, est bavarois, et sa profession est... BRASSEUR! :-) Gentiment invité à changer d'air par son patron qui n'appréciait pas que ce Monsieur consacre du temps à sa famille, il a décidé de s'expatrier pour venir dans la grosse brasserie locale à Dresde: La Feldschlösschen (traduire par "petit chateau dans le champ"). Sa famille restera en Bavière pendant sa période d'essai, et lui vivra chez nous. Petit détail non négligeable: son contrat comprend l'avantage en nature de pouvoir ramener à la maison 5 caisses de bière par mois (soit 50 litres...)!

 

Parlons un peu des choses qui fâchent : aussi étrange que cela puisse paraître, on parle ici une langue étrange appelée « Deutsch » et à laquelle je ne comprends pas encore grand-chose. Et lorsque je comprends une phrase, c’est parfois pour entendre que de nombreuses personnes ici parlent le dialecte Saxon, et alors là c’est la déprime ! Mais bon, je sens vraiment les améliorations au fil des jours et c'est vraiment stimulant. En plus, quand on est baigné dedans, et bien ce n'est pas si moche.

 

Sur ce long article, je vous souhaite à tous un bon épanouissement et un bon début d’année dans vos contrées plus ou moins lointaines. J'attends impatiemment la parution des prochains articles!

 

Stéphane

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